Lorsqu’il a commencé à travailler sur Emilia Pérez, Jacques Audiard s’est aperçu qu’il avait écrit un livret d’opéra. Une idée ancienne puisque déjà la question s’était posée, avec le compositeur Alexandre Desplat, au sujet du film Un héros très discret (1996). Ce « rêve d’opéra », comme il le dit lui-même est finalement bien devenu du cinéma, même si le réalisateur préfère parler de mélodrame plutôt que de comédie musicale pour décrire l’œuvre qu’il a créée avec Clément Ducol et Camille, et que le choix de tourner en studio plutôt qu’en décors naturels répondait selon lui à un besoin de stylisation mais aussi à la volonté de travailler au plateau. Pour sa venue dans le cadre de la série des « Grands témoins », le cinéaste partage sous la forme d’un grand entretien son rapport à la musique, dans son travail donc, mais aussi dans ses goûts personnels – éclectiques, comme en témoigne le titre qui n’est autre que la manière dont il se définit lui-même : « mélomane omnivore ».