Rodiathèques
En partenariat avec La Rodia, La Médiathèque départementale du Doubs propose un cycle de conférences en son et en image pour une immersion dans le vaste univers des musiques actuelles. Ces conférences sont réalisées par Nicolas Sauvage
Au programme de février à juin 2023
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À l’écrasante popularité du Suprême NTM, d’IAM et de MC Solaar succéda un engouement massif pour le rap radical de Booba. Le tropisme américain et l’émergence de la trap devaient ensuite orienter une large partie de la production francophone, tandis qu’un rap plus « mainstream » véhiculé par Orelsan se chargea d’emballer les plus réfractaires au genre. En marge de ce portrait, forcément réducteur, se trouve une autre histoire du rap français. Dans celle-ci, Lino fut un meilleur MC que Kool Shen, les X Men eurent plus d’impact que Ministère A.M.E.R et le legs de MF Doom fut plus inspirant que celui de Gucci Mane.
Cette autre histoire du rap francophone sera proposée en ouverture du concert des bisontins de Grand Singe.
Symbole de l’indépendance de la Jamaïque, le rhythm & blues local qui reçut le nom de ska fut la bande son des années 60 pour la plupart des autochtones. À la faveur d’un travail de fond réalisé par quelques passionnés, la musique de l’île ne resta pas longtemps anonyme hors de son lieu de création. Si le rocksteady confirma la formidable créativité des musiciens jamaïquains, ce fut surtout la naissance du reggae qui permit au monde entier de découvrir l’immensité des réalisations nées dans quelques studios des plus modestes. Quelques années plus tard, les britanniques se trouvaient, pour des raisons historiques, bénéficiaires d’un patrimoine qui donnera naissance à un revival ska mâtiné d’une grisaille qui accompagna les années de règne de Margaret Thatcher.
Cette rencontre propose de revenir sur l’évolution du ska et sur sa résurrection hors de son île natale. Elle sera suivie par un concert de Blue Tone Stompers, combo qui parle couramment la langue de Prince Buster.
.Lancée par une poignée de musiciens aventureux, la bossa nova marqua la fin des années 50 en devenant au fil du temps la forme de musique populaire la plus emblématique du Brésil. Si les noms de João Gilberto, auteur de l’inusable « Chega De Saudade », de Tom Jobim ou de Marcos Valle ont servi à révéler cette musique au grand public, la suite de cette histoire a connu une évolution plus inattendue. Il y eut tout d’abord le succès phénoménal rencontré par Stan Getz en compagnie d’Astrud Gilberto et de son mari puis la vague tropicalia qui offrit à la bossa originelle un formidable modernisme et une volonté de la faire fusionner avec d’autres genres musicaux. Il y eut enfin l’impact laissé par cette musique sur un large pan de la musique pop : de Pierre Barouh à Billy Eilish, de Françoise Hardy aux Kinks, on ne compte plus le nombre d’artistes qui ont puisé à cette source intarissable.
Cette rencontre sera suivie d’un concert d’Alfred Massaï, armé d’un répertoire remanié pour l’occasion.
En 1968, Miles Davis décide d’inviter le guitariste George Benson sur son album « Miles In The Sky ». Ce faisant, il rompt tacitement une règle largement répandue en matière de jazz en accueillant des instruments électriques. Les deux années suivantes confirmeront cette nouvelle orientation stylistique, aboutissant à la naissance de « Bitches Brew », symbole de la naissance du jazz fusion. De la galaxie davisienne s’émanciperont alors Joe Zawinul, Herbie Hancock et quelques autres musiciens désireux de proposer un futur au jazz. Le dernier cité deviendra à son tour une sorte d’éclaireur et inventera avec « Future Shock » une passerelle reliant jazz, electro, hip hop et funk futuriste. Dès lors, cette vision moderniste fera des émules qui, de Bugge Wesseltoft à Flying Lotus, de Madlib à Kamaal Williams, ne cessent d’alimenter cette fusion esthétique.
Ce sujet sera proposé en ouverture du concert de Flow-er, beatmaker et multi-instrumentiste bisontin révélé au sein du collectif La Boocle.
Au programme
Fela Kuti & L’Afro Beat - Médiathèque La Passerelle, Ornans le 31 janvier 2022 à 19h
Personnage fondamental de la musique africaine, Fela Anikulapo Kuti s’est fait spécialiste d’une fusion de styles dont la somme est instantanément identifiable sous le terme d’afrobeat. En mêlant jazz, rhythm & blues et rythmes yorubas, la musique créée par ce génie nigérian est devenue aujourd’hui la bande son la plus emblématique d’une révolte menée par le musicien en opposition aux dictatures et à toutes formes de soumission. Dans son sillage, ses fils comme certains de ses collaborateurs à l’image de Tony Allen ont perpétué un héritage qui résonne aujourd’hui sur une large partie de la musique pop comme peuvent en attester les travaux d’un Damon Albarn entre autres exemples.