Monsieur Papa ...
et les 100 gouttes d'eau
L’éléphant, en bicyclette, a bien du mal à tenir en équilibre son seau d’eau sur sa tête. Et tout, en chemin, semble vouloir contrarier sa livraison. La chaleur, la route cabossée, les petits et grands larcins –car ils sont nombreux à avoir besoin d’eau !- les obstacles sont légion. A l’arrivée, plus une goutte, si ce n’est celle, sous forme de larme, du grand pachyderme… Mais la pluie, providentielle, arrive à point nommé et l’on saura enfin à quels heureux destinataires l’eau était réservée !
Monsieur Papa et les 100 gouttes d’eau / N. In-yung. - Rue du monde, 2014, 16 euros
Le règne...
... du vivant
« J’ai vu mourir noyées dans leur sang des baleines qui criaient comme des femmes. On nous disait qu’elles n’avaient ni âme ni langage. Leur conscience d’elle-même traversait l’onde et vrillait mes oreilles. Ces proies inoffensives et tendres, je ne doutais pas qu’elles eussent une intériorité. »
Ainsi nait l’activiste, narrateur de cette histoire. Sur les pas du controversé Magnus Wallace, Gérald Asmussen s’ouvre à la conscience du monde marin et participe bientôt à la sauvegarde de ses habitants ancestraux.
Ce livre combatif et puissant dit l’urgence de protéger les océans et de s’élever contre les massacres insoutenables commandés par les sociétés mercantiles qui menacent aussi notre avenir. Magnus Wallace l’a bien compris, prêt à sacrifier sa liberté et sa vie pour son combat.
Alice Ferney par l’intelligence et la poésie de l’approche nous convainc de l’impérialité de la cause. Comment ignorer le sens de notre responsabilité après une telle lecture…
« On ne reste pas les bras ballants quand un être vivant en tue un autre sans nécessité. Même si cet autre est une bête. »
Le règne du vivant / A. Ferney. - Actes Sud, 2014, 19 euros
Les enfants de l'eau
Que l’on soit enfant d’ici ou d’ailleurs, au pôle nord, dans les déserts ou les villes, en bord de mer ou en montagne, l’eau n’a pas le même usage, la même signification, la même valeur. « Pour moi, l’eau c’est un cristal de neige / c’est la terre qui boit / c’est une main tendue. »…
Mais que l’approche soit utilitaire, ludique ou poétique, une chose est sûre, « l’eau c’est une question de vie. »
Beau panorama, à travers les yeux des enfants du monde, qui doit nous conforter dans l’usage respectueux à faire de ce bien hautement précieux qu’est l’eau.
Les enfants de l’eau / A. Delaunois ; G. Frischeteau. – Bilboquet, 2007, 14.50 euros
Le silence...
... du héron
Métaphore de la vie, Le silence du héron prône la sagesse du silence et de l’observation du monde pour mieux l’appréhender, le posséder... « Glisser sans un bruit sur le monde puis, toi, le laisser glisser. »
Les deux auteurs ont en commun d’avoir vécu à Besançon, où ils ont pu observer cet animal qui trône sur les berges du Doubs, et une culture asiatique que l’on sent ici notamment dans le texte proche du haïku.
Les gravures sur bois de Caribaï transcrivent avec force cette capacité de l’oiseau à maîtriser les éléments, dans un jeu d’opposition et de symbiose. Invisible dans le décor naturel puis d’une présence majestueuse lorsqu’il jaillit en double page, le héron, oiseau hautain et attachant, occupe l’espace en creux, puis en puissance.
Le silence du héron / D. Bévalot ; Caribaï. – Grandir, 2013, 15 euros